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19/03/2010 – Alejandra Alarcon Henriquez

Discrimination et auto-discrimination : les résultats de la psychologie sociale

« Comment pouvons-nous contribuer à notre propre discrimination ? » Toute question scientifique est provocante, et c’est par celle-ci qu’Alejandra Alarcón Henríquez a choisi d’introduire la présentation des résultats de ses travaux portant sur le phénomène d’auto-discrimination chez les jeunes d’origine étrangère à la recherche d’un emploi. Sa contribution scientifique au séminaire a été essentielle : sans concession, son regard de chercheuse n’est ni celui d’une institution, ni celui d’une victime de la discrimination. La contrainte de « neutralité axiologique »[i] qui, depuis Max Weber, s’impose au chercheur en sciences sociales, a pesé sur son travail, dont elle a délivré un résumé clair et convaincant, tout en évoquant d’autres travaux antérieurs sur la même question.

Que désigne précisément le néologisme « auto-discrimination » ? La première précision donnée par Mme Alarcón Henríquez a consisté à dire que ce terme est nouveau, trop jeune encore et trop peu « construit » scientifiquement pour constituer un concept précis en sciences sociales. Loin de désigner un phénomène distinct et facilement identifiable entre tous, le terme « auto-discrimination » n’est qu’une définition très globale, un ensemble de manifestations, de comportements passifs d’un ou plusieurs individus facilitant la discrimination à l’égard d’eux-mêmes ou de leur groupe. Contrairement à la discrimination, réalité qui se laisse saisir par le droit puisqu’on peut la définir comme « une inégalité de traitement fondée sur un critère prohibé par la loi, comme l’origine, le sexe, le handicap etc., dans un domaine visé par la loi, comme l’emploi, le logement, l’éducation, etc. »[ii], l’auto-discrimination est ainsi un ensemble plutôt flou de phénomènes psycho-sociaux.

Plus concrètement, comment ces phénomènes se manifestent-ils ? Une solution pour le comprendre est de s’intéresser à la perception qu’on les jeunes d’origine étrangère de la discrimination en tant que telle. Nombre d’entre eux ont une conscience latente de la stigmatisation dont ils peuvent être victimes, mais leurs réponses dénotent une tendance nette à s’attribuer à eux-mêmes les causes de leur difficulté à s’insérer dans le marché du travail. Ce comportement pourrait, à première vue, passer pour un signe d’humilité et de responsabilité, car, après tout, rechercher en soi les causes de son échec avant de blâmer l’hostilité du monde extérieur est en soi une attitude réfléchie et positive… Sauf que le mécanisme de l’auto-discrimination est plus complexe et comporte une certaine perversité qui le différencie de l’autocritique salutaire. En réalité, pour les personnes interrogées, la discrimination est dévalorisante, car elle leur renvoie une mauvaise image d’eux-mêmes ; on préfère ne pas y penser, car c’est un stigmate supplémentaire. De nombreuses études en psychologie ont montré l’importance que les individus accordent à la maîtrise qu’ils ont de leur environnement, en la corrélant à leur santé mentale : une personne mentalement saine serait statistiquement plus encline à s’exprimer d’une manière qui témoigne de sa maîtrise du milieu qui l’entoure. Or s’avouer victime de discrimination, c’est aussi avouer qu’on a perdu ce contrôle sur le monde environnant. Beaucoup parmi les jeunes issus de l’immigration interrogés par Mme Alarcón Henríquez ont ainsi tendance à justifier le système, par exemple en affichant leur foi en la méritocratie, alors même qu’ils sont victimes de discriminations patentes.

« S’auto-discriminer », c’est donc d’une part refuser de voir la discrimination quand elle survient, c’est un déni ; mais c’est aussi, d’autre part, endosser les stéréotypes dont la société fait usage à l’égard d’un groupe : on parle alors d’auto-stéréotypes. Un stéréotype (du grec stereos, solide, et tupos, modèle) peut-être défini comme une généralisation de caractéristiques à un groupe et ses membres. C’est un mécanisme d’ « économie cognitive » : en faisant l’économie de l’examen de situations particulières et multiples, notre cerveau préfère s’accommoder de raccourcis pour appréhender le monde. Ceci n’a rien de surprenant, surtout dans un monde où des échanges frénétiques et parfois non maîtrisés d’information nous forcent à opérer des généralisations qui, on le voit, peuvent avoir  des conséquences sociales dramatiques. Ce qu’il y a de plus étonnant, c’est que la simple connaissance d’un stéréotype peut provoquer son activation automatique. C’est le résultat d’une étude menée en 2002 par Correll, Park, Judd et Wittenbrink, intitulée « Le dilemme du policier »[i]. En utilisant un simple jeu vidéo et en demandant à des cobayes blancs de tirer ou de ne pas tirer sur des cibles virtuelles, représentant tantôt des Blancs et des Noirs-Américains, ils ont montré que les participants prenaient la « bonne » décision de tirer plus facilement si la cible était noire, et que de même ils faisaient le choix de ne pas tirer plus rapidement si la cible était blanche. Plus troublant, les cobayes Noirs-Américains étaient également plus prompts à tirer sur les cibles noires que sur les cibles blanches.

D’autres chercheurs américains, Steele et Aronson, de l’université de Stanford (Connecticut), ont mis à jour en 1995 le phénomène dit de « menace du stéréotype »[ii]. Dans un pays où persiste un stéréotype présentant les Noirs comme moins intelligents que les Blancs, ils ont fait passer des tests d’intelligence à des étudiants – noirs et blancs – dans deux types de conditions différents : tantôt en précisant explicitement qu’il s’agissait d’un test d’intelligence, tantôt sans faire mention de la notion de « capacités intellectuelles ». Fabrice Gabarrot de l’Université de Genève explique la suite de l’expérience : « leur idée principale était que le fait d’être la cible d’un stéréotype négatif, et de pouvoir potentiellement être jugés en fonction de ce stéréotype induirait chez les participants noirs une pression psychologique supplémentaire (en plus de l’anxiété induite par le fait d’être évalué). C’est cette pression qui viendrait interférer avec leurs performances. Les résultats obtenus sont cohérents avec ces hypothèses. Lorsque le stéréotype n’a pas de rapport avec la condition d’évaluation, les performances des Afro-américains ne sont pas différentes de celles des Blancs. »

Ces différentes recherches montrent que la discrimination n’est pas qu’un délit punissable par la loi : c’est aussi une plaie psychologique qui s’insinue au plus profond de ceux qui appartiennent à des groupes ethniques minoritaires. Il faut donc aussi chercher à combattre la discrimination chez le discriminé, car il peut faire sienne l’image de lui-même que lui renvoient les stéréotypes véhiculés par la société. Le risque majeur est qu’en franchissant la porte d’un entretien d’embauche s’accomplisse pour le jeune d’origine étrangère la « prophétie auto-réalisatrice » de l’exclusion.

 


i Traduction de la notion de « Wertfreiheit » employée par le sociologue allemand, c’est-à-dire  le fait de s’abstenir de porter des jugements sur les croyances et les valeurs des individus au cours de la recherche sociologique

ii Définition donnée par la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l’Egalité (Halde), organisme public français dont les missions sont proches du CECLR belge, sur son site internet http://www.halde.fr/

iii Bernadette Park, and Charles M. Judd (University of Colorado at Boulder), Bernd Wittenbrink (University of Chicago), Journal of Personality and Social Psychology, 2002, Vol. 83, No. 6, 1314–1329, http://cas.uchicago.edu/workshops/polpsych/wittenbrink.pdf

iv http://www.prejuges-stereotypes.net/espaceDocumentaire/gabarrot.pdf