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19/03/2010 – Pascale Scheers et Olivier Collinet

De la mission locale à l’intérim social : deux approches complémentaires au quotidien

Pour bien comprendre le problème de la discrimination à l’embauche, il nous a fallu examiner d’une part le cadre normatif contraignant les employeurs (loi anti-discrimination du 10 mai 2007) et les organismes institutionnels chargés d’en faciliter l’application (CECLR,…), et d’autre part rappeler les résultats de la recherche en psychologie sociale sur le phénomène d’auto-discrimination. Les données juridiques et scientifiques du problème permettent d’en appréhender les diverses dimensions. Mais on ne peut comprendre qu’imparfaitement la réalité de la discrimination et plus largement celle de l’insertion socioprofessionnelle si l’on ne prend pas le temps de se pencher sur le travail quotidien des acteurs dits « de terrain », qui chaque jour œuvrent pour l’emploi et la cohésion sociale dans des contextes souvent difficiles. Les témoignages de Pascale Scheers de la mission locale[i] de Saint-Josse et de Jean-Olivier Collinet de l’entreprise d’intérim social Exaris Intérim[ii] ont contribué à enrichir le débat du point de vue des « professionnels de l’insertion socioprofessionnelle ».

Aux dires de Mme Scheers, le travail d’une mission locale peut être source de frustrations : soumise comme les autres à des indicateurs de performance et des quotas, la mission locale de Saint-Josse – la commune la plus pauvre de Belgique, où sont représentées plus de cent nationalités différentes – opère dans un contexte de pauvreté et d’exclusion particulièrement aigu. Dès lors, de tels indicateurs ont-ils encore un sens ? De l’aveu de Mme Scheers, si le taux de remise à l’emploi était le seul indicateur de performance, alors on pourrait dire que la mission locale de Saint-Josse a complètement échoué. Ce serait oublier qu’au-delà de l’emploi, son travail consiste à favoriser la formation, à infléchir les attitudes de ceux qui sont encore « si loin de l’emploi », à créer un semblant de cohésion entre les différents groupes, enfin et surtout à susciter chez les plus exclus un sentiment de reconnaissance sociale, préalable indispensable à une intégration ultérieure dans le marché du travail. L’emploi doit être considéré comme une étape, un moyen parmi d’autres vers l’inclusion sociale ; pour Mme Scheers, il est à craindre qu’il soit érigé en valeur, en horizon indépassable dont il suffirait de mesurer les progrès de manière chiffrée, sans tenir compte des autres dimensions de la cohésion sociale.

Pour peu, donc, qu’on accepte d’abandonner une perspective strictement quantitative de l’insertion socioprofessionnelle en terme de taux de remise à l’emploi, on comprend que le travail d’une mission locale d’insertion socioprofessionnelle consiste en fait en un faisceau de tâches multiples visant à réintégrer dans le tissu social des personnes qui n’ont pas les ressources nécessaires pour le faire seules. Grâce à des partenariats avec des associations (création d’un « bus-information » circulant dans la commune à la rencontre des jeunes) ou avec des entreprises (notamment avec Novela, société à finalité sociale spécialisée dans le nettoyage de composants techniques, créée par Axima Services, du groupe Suez), la mission locale de Saint-Josse s’efforce d’offrir aux jeunes en difficulté des perspectives professionnelles durables, parfois après formation.

Dans le cas de la société Novela, le succès a été au rendez-vous puisque les 10 emplois créés sont toujours occupés par les mêmes personnes deux ans après. Mais une réussite comme celle-ci suppose, en amont, tout un travail de « job-coaching », c’est-à-dire une préparation personnalisée permettant aux personnes concernées d’acquérir le « savoir-être » nécessaire à l’insertion professionnelle, au moyen de jeux de rôle, d’exercices avec des miroirs, d’apprentissage du maintien, de réflexion sur l’image de soi.

La principale difficulté consiste à « toucher » le public cible, particulièrement les jeunes de moins de 26 ans. L’initiative fédérale Win-Win[iii], plan d’embauche massif accordant des avantages exceptionnels aux employeurs embauchant des jeunes de moins de 26 ans ou des personnes de 50 ans et plus, s’est par exemple soldée par un échec dans son ambition de remettre les jeunes au travail. Pour Mme Scheers, ce public est extrêmement difficile à atteindre, tant le repliement communautaire et les trafics constituent une barrière supplémentaire à franchir pour s’insérer dans l’économie.

Ce constat est partagé par Jean-Olivier Collinet d’Exaris Intérim. Cette entreprise d’économie sociale, à la croisée des secteurs public et privé, est définie par son représentant comme « une coopérative, un bureau d’intérim en économie sociale ». Considérant l’intérim comme un tremplin, un sas avant un contrat à durée indéterminée, Exaris Intérim vise 30 000 jeunes de la région Bruxelles Capitale et compte déjà environ 5000 inscrits. Le système de partenariat entre Exaris et Actiris[iv] a permis la signature de 70 CDI par an, les contrats faisant suite à une période d’intérim d’un mois et demi en moyenne, dans l’agroalimentaire[v] par exemple. Encore une fois, le « jobcoaching » est devenu l’outil indispensable permettant la réalisation d’objectifs d’insertion même modestes. L’accompagnement personnalisé est essentiel, certains jeunes doivent être littéralement pris par la main jusqu’à leur lieu de travail, tant l’environnement dans lequel ils ont vécu depuis de nombreuses années les a éloignés du monde de l’emploi. Car aux dires de M.Collinet, le racisme entre communautés et l’agressivité de certains candidats rend souvent sa mission difficile. « Il ne faut pas que l’auto-discrimination devienne une raison pour ne pas chercher un emploi » : cette phrase, de la part d’un professionnel de l’insertion, révèle à quel point la réalité est complexe et ne peut se réduire au phénomène d’auto-discrimination décrit par Mme Alarcón Henríquez. Certains jeunes, cloîtrés dans une communauté étanche où peut régner un climat de menace, ou encore en butte à l’hostilité de communautés voisines, ont peur de faire le premier pas vers le monde du travail. D’autres n’en voient tout simplement pas l’utilité, tant ils ont toujours été maintenus « loin de l’emploi ».

   


i « Organisme ayant pour objectif de favoriser l’insertion professionnelle et sociale des jeunes de 16 à 25 ans et de lutter contre l’exclusion », http://www.guide-du-travail.com/lexique/mission-locale.html

ii « Une SCRL FS (Société Coopérative à Responsabilité Limitée et à Finalité Sociale) au sein de laquelle les 3 partenaires initiateurs (Daoust Interim – Febecoop – Actiris) s’accordent sur les objectifs et la création d’une culture d’entreprise novatrice. Exaris interim est soutenu par la Région de Bruxelles Capitale. Il se présente comme la 1ere entreprise d’économie sociale active dans l’intérim. A travers une activité commerciale – l’intérim – notre structure vise une finalité sociale – l’insertion », http://www.exaris.be/exaris.php

iii Voir le site du Service Public Fédérale de l’Emploi, http://www.emploi.belgique.be/defaultNews.aspx?id=26710

iv « Organisme régional chargé de la politique de l’emploi dont les compétences sont limitées territorialement à la région de Bruxelles-Capitale », http://fr.wikipedia.org/wiki/Actiris

v 82% des postes pourvus via la médiation d’Exaris Intérim depuis 2007 sont encore occupés par les mêmes personnes trois ans après